Cultivé depuis 9 000 ans en Asie mineure, le Linum usitatissimum a été utilisé par l’homme d’abord pour produire de l’huile, et plus tard, comme textile, destiné à produire des objets utilitaires et des vêtements. Cette innovation s’est produite pendant le néolithique, dans un même espace géographique, le sud du Levant, avant l’apparition de la poterie, et coïncide avec le passage progressif d’un mode de vie basé sur la chasse et la cueillette à un autre basé sur l’élevage et l’agriculture, liés à la sédentarité et à la naissance des divinités4.
Le lin a été introduit en Europe, il y a 2 000 ans. Les Babyloniens et les Égyptiens utilisaient des cordes en lin. Les fines bandelettes entourant les momies des pharaons étaient aussi en lin. Il en fallait près d'un kilomètre pour momifier un adulte.
Il s'agit d'une fibre végétale issue d'une culture demandant peu d'engrais et de pesticides. Sa qualité de fibre naturelle en fait une étoffe anallergique, isolante et lui donne la propriété d'être un régulateur thermique (isolant l’hiver, respirant l'été).
Doté d’une grande résistance et d’un pouvoir d’absorption de l’humidité sans équivalent, le lin procure une sensation de bien-être à ceux qui le portent. Associé au cachemire ou à la laine, il se fait doux et chaud pour l’hiver. Mélangé à la soie, il devient précieux et portable le soi. Autre atout : la solidité du lin. Après 50 lavages, une chemise en coton souffre et perd de sa tenue ; il en faut plus du double pour le lin.
L'Europe est le premier producteur de fibres longues. Avec 50 000 à 75 000 hectares selon les années, la France produit 75 % du lin mondial.
Etape de culture et de fabrication
- Le rouissage
Une fois le lin arraché (on parle de « pailles » de lin), il est étalé sur le sol du champ, où les bactéries et l’humidité désagrègent la partie externe des tiges qui entourent les fibres, ce qui favorise l’extraction des fibres à l’étape suivante dite du teillage. Le lin est retourné en cours de rouissage, pour que le rouissage soit homogène. Une alternance d’humidité, pour attaquer les tiges, et de vent, pour les sécher, est idéale pour un bon rouissage. Avant, le rouissage se faisait directement dans un bain d’eau, mais le procédé a changé pour des raisons écologiques et économiques.
- Le teillage
Les pailles de lin rouies (ayant subi un rouissage réussi) sont broyées et battues pour éliminer les résidus tels que le bois (appelé anas) et l’épiderme des tiges. Les fibres se trouvent ainsi séparées et récupérées. On distingue des fibres longues, soit les fibres les plus qualitatives du lin, que l’on appelle aussi « lin teillé », et des fibres courtes appelées étoupes, que l’on valorise comme un produit mineur mais complémentaire des fibres longues. Les fibres sont ensuite répandues en nappe chez l’agriculteur puis lavées. Notons au passage que les graines de lin ont également été soigneusement mises de côté.
- Le peignage et la filature
Afin d’être utilisables par l’industrie du textile, les fibres de lin doivent être filées. Pour préparer la filature, on peigne d’abord les fibres, c’est à dire qu’on les rend plus parallèles. Le lin n’est pas filé de la même manière que le coton, aux fibres plus élastiques, globalement plus longues, et plus homogènes. On a recours pour le lin à des techniques de filature spécifiques, que l’on applique selon le type de fibres à filer, et en particulier selon la longueur des fibres. Pour les fibres de lin longues c’est à dire le lin teillé, on utilise la filature au mouillé. Les fibres longues sont réunies en mèche légèrement torsionnée et étirée sous l’eau pour ramollir les « ciments » naturels. On obtient des fils précisément dissociés, donc fins, lisses, réguliers, hautement qualitatifs.
Les fibres courtes sont étirées sans eau, et filées avec approximativement le même matériel que pour de la laine. Les fils obtenus sont plus grossiers que les fils issus de la filature au mouillé, car on n’a pas pu diviser aussi bien les fibres en fibres unitaires. Enfin, la filature dite « du circuit des mélanges » s’applique lorsqu’on veut mélanger intimement le lin à une autre matière (lin/soie, lin/laine, lin/coton…) et obtenir un fil qui ne sera pas 100% lin mais trouvera d’autres atouts : plus chaud pour l’hiver avec la laine, adapté aux tenues de soirées avec la soie, moins froissable avec de la viscose…
La valorisation des parties de la plante de lin non utilisées pour le textile
Le lin est une plante très intéressante sur le plan écologique, non seulement parce que sa transformation pour le textile et sa teinture sont économes en eau et très peu polluantes, non seulement pour son bon niveau de recyclage, mais aussi parce que dans la plante de lin, tout peut-être exploité, valorisé de façons variées.
Ainsi, au delà du textile, le lin devient de l’huile de lin (utilisée en peintures, vernis…), on consomme les graines de lin, on utilise les étoupes de lin pour constituer des non-tissés (nappes de fibres liées par aiguilletage, cohésion ou couturage), les anas (déchets de la plante apparentés à du bois) sont mis à profit pour créer de l’énergie…
Avec le lin, rien ne se perd, et derrière un produit principal se cache de nombreux sous-produits !
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